24/02/2008

2 et 5


Je reprends là où j'étais resté. Je revendique une pensée pauvre, celle qui se glisse dans les interstices, la pensée grise qui s'insinue dans les zones oubliées, dans les entre-deux, les espaces désintéressés, ce qui n'existe pas et qui pourtant est là, entre les points d'intersection qui retiennent l'attention, les parties négligées, une esthétique désoeuvrée fondée non sur l'intention, le projet, mais sur l'omission, l'insignifiant, un découpage du réel en dehors des pointillés, là où les mots ne vont pas, où le regard ne se pose pas.


22/02/2008

Praha...



A l'aéroport, le temps est supendu, selon l'idée générale, on entre dans une parenthèse, matérialisée par des sas de contrôle. En réalité, c'est tout le contraire, on dispose d'un temps gratuit, vide de tout sens, de la liberté absolue, détachée, détaxée. Les gens en profitent pour s'ennuyer, ils regardent le temps passer, littéralement. Ils n'ont rien à faire, ils essaient bien de s'occuper, au sens propre, la plupart tentent l'oubli dans l'avachissement. Ils pensent : attendre n'est pas vivre, c'est avant, c'est après, c'est quelque part, dans un lieu qu'on peut nommer. La zone de transit est faite pour passer, pas pour rester, c'est écrit. Et bien, moi, j'aime ce vide, il ne dure jamais assez longtemps, j'ai des millions de choses très urgentes à y faire... Ce jour-là, j'étais en train de danser (c'est mon nouveau truc) quand on m'a appelé pour reprendre le cours normal des choses. J'ai présenté mon papier d'embarquement (je retrouve plus le mot) et cherché ma place. Ensuite, assis dans les airs, j'ai regardé par la fenêtre, c'était très joli...


20/02/2008

Krakow...


Voilà autre chose. Depuis quelque temps la danse me tourne autour, cherche, malgré moi, à entraîner mes jambes, mon corps. Or donc, l'autre jour, pour échapper au froid sibérien qui me titillait désagréablement, j'ai posé, provisoirement, et contre quelques zlotis, mon cul dans une salle de spectacle pour me réchauffer et, accessoirement, assister, une première, à des danses et chants du cru, dits folkloriques. Presque confortablement installé, au chaud, je m'apprêtais à passer l'heure, tranquillement en supportant cette agitation bien inutile. Mais, dès les premières minutes, les spectateurs ont été invités, encouragés et finalement carrément désignés, pour les récalcitrants, à venir sur la scène pour revêtir les costumes traditionnels, des nippes multicolores, et participer, c'est à dire danser. J'ai vite compris, vue ma position stratégique, au premier rang, que je n'y échapperais pas. A partir de là, j'ai ressenti une pression intercostale assez forte, un léger malaise, une envie soudaine d'ailleurs. Je me suis dès lors désintéressé du spectacle proprement dit pour analyser méthodiquement la situation. J'ai consulté ma montre et évalué les différentes options. J'ai d'abord envisagé les formes que pourrait prendre un refus, du gros non ferme, définitif, pas de ça avec moi, au petit non honteux, sourire piteux, tête penchée, je me suis inventé toutes sortes d'excuses, des douleurs invalidantes, j'ai même pensé à l'amputation, peut-être feindre l'incompréhension, ridicule... J'étais prêt, pour échapper à l'inéluctable épreuve, à partir en courant, à crier au feu, faire diversion... Le temps passait, les danses s'enchaînaient, j'ai commencé à me détendre, à m'entendre ricaner intérieurement, tu vois, grand nigaud, tu t'es inquiété pour rien, c'est presque fini, je n'irai pas jusqu'à dire que je ressentais une très légère déception, après tout, peut-être que je dansais très bien ce truc, je devais manquer de confiance... j'aurais pas dû relâcher mon attention, Il était devant moi, Il me fixait, la musique s'était arrêtée, Il s'est encore approché, m'a tendu la main et a désigné la scène... Je ne sais pas ce qui m'a pris, je me suis levé, sans hésiter.

Ils ont tapé des mains, ri et applaudi, j'ai salué quand la musique s'est arrêtée, j'avais bien chaud, enfin...


10/02/2008

Connemara...



La bonne idée des petits hommes gris : devenir libres, indépendants, responsables de leur existence et remplacer l'oppression par la dépression...


07/02/2008

Ainsi...



Je n'ai jamais rien à dire. Que pourrais-je avoir à dire? Rien. Il n'y a rien à dire. Tout est dit. Les autres fourmillent d'idées, leurs mots s'écoulent à flots. Moi, je m'arrache la peau et les os pour trouver un peu de moi. Je suis désertique, caillou...



04/02/2008

Marques...





Je relève les traces, les fragments, les signes qui définissent en silence les lignes de nos conduites, repères invisibles qui peuplent notre quotidien.


01/02/2008

La prise du temps...


"Une heure, à peu de chose près", encre et aquarelle

Créer, c'est prendre le temps, lui donner une forme qui nous ressemble... Sur le dessin, pour bien vous montrer, j'ai tracé les secondes en noir et j'ai colorié les minutes en bleu et en jaune.