06/05/2008

Houla oups...

Les musées ont l'air inoffensifs, lisses et propres sur eux... Pourtant, c'est là qu'on peut rencontrer les déviants, déjantés, dérangés, démontés et autres dégénérés, ceux qui n'ont pas réussi à s'installer dans le monde tel qu'il leur était proposé, ceux qui sont incapables de suivre les règles, de respecter les lois, ceux qui transgressent, s'engagent, se mettent en jeu, sans mesure ni retenue, les subversifs sont regroupés là... A la marge des oeuvres aseptisées et digérées par le temps, on trouve matière au trouble, à la mise en questions, sans rien dire, l'artiste nous entraîne là où on n'a pas envie d'aller voir...



Ce film me titille depuis que je l'ai vu. Quelle est sa signification ? Je ne lis ni les notices ni les critiques, je me laisse bercer par ce qui m'accroche et me retient, je fais confiance à l'artiste. Son geste n'est pas trivial, marchand, il cherche, avec ses moyens, à me dire quelque chose d'essentiel, en douce. La première image qui s'est imposée est celle du contraste saisissant avec le plaisir du corps libéré jouant au hula hoop sur les plages dans les années soixante, ces visages rieurs aux coiffures encore sages qui se trémoussaient pour la première fois, la libération, la couleur... tout un imaginaire qui allait s'installer : il suffisait de faire tourner un cerceau autour de son ventre pour être libre, une révolution était en marche... que s'était-il donc passé depuis ces douces années insouciantes pour que le rêve se transforme en cauchemar ? Le corps est devenu le marqueur de la valeur, l'apparence a pris le dessus sur l'intention, ce cerceau de barbelés pouvait signifier la transformation du corps devenu objet de souffrance pour être beau, conforme. Sur un plan politique, la métaphore fonctionnait de la même manière, le passage d'un corps social joyeux et dynamique à un corps social souffrant et déprimé.
Je continuais à laisser ce mouvement me préoccuper. Et si ce film évoquait notre nouvelle condition, libres, bien portants, mais seuls, une illustration paroxystique du nombrilisme contemporain ? non, le propos était religieux, ces barbelés évoquent la couronne d'épines... Je tournais en rond, je m'agitais pour rien, je me faisais du mal à chercher en vain... voilà, c'était peut-être ça que l'artiste voulait me dire...