02/03/2009

Little Giorgio against Big Michel



Pour accéder à la Chapelle Sixtine, on traverse, au pas de course, de longs couloirs, pressés de pénétrer dans la caverne et de se laisser envelopper par l'excès, la profusion des corps et couleurs de Michel Ange. Mais devant le chef d'oeuvre, on reste interdit, on ne sait pas où donner de la tête. Collé au sol, on cherche à accrocher les regards de la voûte, à retrouver les personnages mille fois vus en reproduction, on joue inconsciemment à Charlie, grandeur nature. Et on doit s'extasier, point.
On aurait dû ralentir l'allure, ne pas se laisser entraîner par ce mouvement absurde. Dans le couloir, se tenait, en retrait, ce petit tableau discret, silencieux.
Les objets donnent forme à notre monde en se posant sur le réel. Ils coexistent dans des distances attendues. Nous passons notre temps, sans y penser, à les déplacer. Ils doivent toujours, en fonction de leur destination, se tenir à leur place et à la bonne distance les uns des autres. En effectuant un simple rapprochement, Morandi fait surgir l'étrangeté du monde, son insondable mystère et nous dérange, en douceur.

(Vatican, février 2009)