25/06/2009

Mes chaussettes

Depuis quelques mois, je ressens une légère tension dans les cervicales, j'entends régulièrement un craquement et je me crispe, ce qui renforce la douleur. Alors, ce matin, j'ai appelé C. pour lui demander l'adresse d'un kiné ou autre manipulateur qui pourrait me soulager. C. les connaît tous. J'ai obtenu un rendez-vous à 12H30. Je suis entré et me suis assis dans la petite salle d'attente. Je feuilletais Paris Match, les photos des familles de l'Airbus, quand une dame d’âge moyen en tunique violette est venue me chercher. Dans le cabinet, je me suis déshabillé, restant en caleçon et chaussettes, bleues avec des motifs idiots, devant cette grande glace. Je n'aime pas trop mon corps, les jambes sont bien, mais le buste m'a toujours paru trop long. Je ne me suis jamais vraiment habitué.
Je suis docile avec le personnel médical, je fais ce qu'on me dit, sans résistance. Elle m'a dit : allongez-vous, j'ai observé la table d'examen, je n'aime pas trop toucher les affaires des autres, je doute vite de l'hygiène, et pendant une bonne partie de la séance, au lieu de me détendre, j'ai d’abord pensé au nombre de personnes bancales qui s'étaient avachies ici avant moi, surtout quand, en fin de séance, j'ai dû coller ma face contre la table, sur un coussin que je n'arrivais pas bien à protéger avec le drap, soi-disant propre... J'étais là, quasi-nu sur la table, et elle me tripotait, me chatouillait, m'étirait, me caressait, me massait et je trouvais ça normal, allant de soi. Elle a ensuite installé mes pieds en hauteur dans des anneaux pour appliquer une technique dont j'ai déjà oublié le nom. Je me concentrais sur ma respiration, une inspiration complète suivie d'une expiration plus forte en gardant le menton le plus près du cou, ce qui, je le sais pour l'avoir observé dans un miroir, ne me sied pas du tout, je n'ai pas la machoire assez carrée pour supporter cette contrainte sans perdre de mon prestige. Dès que le médical s'empare de nous, nous renonçons à notre dignité et nous abandonnons sans protester ni résister. Voilà, après, en sortant, à 13h 20, j'avais faim.


( C'était hier, bien sûr)