30/05/2010

Crise d'identité

(billet indigeste)


New York, Central Park, 2010



Le 25 décembre 2009, je tentais de décrypter les articulations de cette architecture. Le texte est resté dans les brouillons. Comme je ne trouve plus de passage, je le remonte aujourd'hui à la surface...

" Je suis passé de l'autre côté de l'écran... ça a pris du temps mais je n'ai rien senti. Je ne peux pas l'expliquer, un jour c'est mon image qui est devenue l'auteur, la perception de la réalité s'était inversée. Mon double, un silencieux de nature, encouragé par vos souffles, m'a rencontré et fait reculer les ombres... En reprenant le film image par image, on arrive à distinguer les étapes de la métamorphose.

1) Un des premiers billets. Je suis clairement dehors, je m'interroge sur le concept. Je cherche à en faire le tour. De me voir comme ça me fait sourire aujourd'hui, bien sûr.

2) Beaucoup plus tard, j'ai intuitivement perçu que quelque chose arrivait, qu'il fallait tenter l'aventure. Morceau par morceau, comme on teste la température de l'eau, j'ai passé le bras, la jambe pour voir...

3) Je découvrais alors que l'affaire ne se résoudrait pas par une simple gesticulation. L'être entier devait s'engager, prendre le risque de se laisser emporter, de s'éloigner de sa base.

4) C'était bien beau, mais l'écran offrait, je le découvrais, une résistance inattendue. Je ne le traverserais pas sans me transformer. Je devais quitter cette première forme et accepter d'abandonner celui que j'avais été.


6) Je n'allais pas rester derrière le miroir, une fois franchi l'écran. Il allait falloir partir sans repère dans un monde inconnu, mettre à distance cette identité qui retenait l'ancienne forme.

7) J'ai laissé mon Je se dissoudre, et, devenu langage, je suis parti à votre rencontre.

8) Le chemin fut plein d'embûches, de tourments, comment ne pas se perdre...

9) Malgré quelques effets secondaires, le tour était joué, j'existais bel et bien de l'autre côté.

10) .../...

Le reste est illisible. J'avais sûrement une intention, oubliée. Depuis, le passage sur Facebook a encore modifié les paramètres de mon système identitaire.



15/05/2010

Marina et moi



Je la connais depuis longtemps. elle ne le sait pas. Pourtant, son corps m’est familier.
Ce jour d’avril, j’entre, coupe la file, monte les marches et, oh oh, je la vois, là, à quelques pas, assise dans sa robe sang, immobile, impassible. Je ne retiens pas ma jubilation, je m’approche, la détaille, m’installe et l’observe...

Moma, avril 2010


Inconstant de nature, je me lasse vite et l’abandonne à son immobilité désespérée.

C’est une vieille adepte de la performance : être et s’exposer, une seule et même chose, fusion du sujet et de l’objet, du corps et de l’oeuvre. Elle ne se ménage pas, s’exhibe, se torture, nous entraînant, malgré nous, dans des expériences hallucinatoires.

Au dernier étage, une rétrospective remet en scène ses dispositifs, dérangeant...

Dans la première salle, un couple nu face à face dans le passage. Pour se rendre dans l’autre salle, il faut s’engager entre leurs corps, choisir un côté, frôler le sexe de l’homme ou les seins de la femme. Une fois l’épreuve surmontée, on découvre le corps nu d’un homme allongé sur une table, couvert d’un squelette. Dans la salle suivante, une femme nue, membres écartés, contre le mur, à mi hauteur...

En redescendant, je retourne voir Marina. Son masque s’est durci, son teint vire à la cire. Plus tard, dans l’après-midi, elle ressemble à la mort.

01/05/2010

Conversation

Broadway 1600, NYC, avril 2010


Collé à la fenêtre, il savourait l'agitation du monde devenu jouet silencieux et souriait en repensant à l'échange qu’ils avaient eu la veille sur le sens du mot “festif”. Elle soutenait qu’il était tout sauf festif. On pouvait au mieux le qualifier d’austère dans ses meilleurs jours, mais “festif”, non, jamais, le sens devait lui échapper. Elle insistait, demandait des preuves, des exemples à défaut. Il se défendait, mais avait dû admettre qu’il utilisait plutôt “festif” dans un sens métaphorique, assez éloigné, somme toute, du sens commun. Exaspérée, elle lui avait fait remarquer que les mots avaient un sens d’usage, et que ce sens permettait la communication. Il lui avait dit qu’il ne croyait pas à la communication au sens où elle l'entendait.