25/06/2009

Un jour comme les autres

Le travail m'érode, il m'occupe et je lui appartiens. Il me tient debout dans un rôle que je joue au quotidien, pantin articulant. Je me déplace sur la scène, déclame le texte, observant discrètement mon agitation, écoutant ces paroles étranges qui semblent sous contrôle. Souvent je me demande d'où vient ce savoir faire, ce savoir dire, précis, efficace, sérieux et clair, cette langue étrangère apprise sans méthode. Elle s'insinue en moi, me traverse, et je n'ai qu'à bouger les lèvres pour qu'elle se fasse entendre. A quoi pensent-ils quand ils répètent, encore et encore, leur texte, les enseignants, les médecins, les politiques, les marchands... Ont-ils conscience du bruit qu'ils font ? Croient-ils à leur discours bien rodé ? Il m'arrive de déraper, de perdre le fil, de laisser une phrase sombrer, la tentation du renoncement, du silence, mais, devant les regards encourageants, la machine repart, je fais comme si de rien n'était et je parle, remue et remplis le vide. Voilà.