02/11/2009

A Stéphane, Serge et les autres...

Sainte Victoire, 01/11/09  Iphone

Je cours. Depuis des années, je cours, seul, le matin, tôt. En pleine nature. Je cours pour rien, sentir la terre vibrer sous mes pieds, respirer fort, garder le rythme, prendre le temps à son propre jeu... 

J'aime quand la pensée, entraînée par l'agitation des jambes, se libère, et chemine à son tour ; ça travaille en haut pendant que ça remue en bas. J’oublie alors que je cours,  je ne me souviens pas d'avoir parcouru certaines portions, je suis ailleurs, en l'air. 

Hier matin, il était très tôt, je préfère quand c’est difficile, pluie, brouillard, neige, froid... ça ajoute de l'intensité, je me sens vivre, je dois chaque fois surmonter une légère tension, faire taire la petite voix qui s'inquiète et me chuchote " et si on rentrait, tu vois bien, ce n'est pas très raisonnable"... 

Il faisait frais et sombre, j’avais choisi mon parcours, j'ai en magasin tous les formats, toutes les options, tous les dénivelés... J'avais prévu le tour de base, les deux barrages, auquel je comptais ajouter la boucle dans la réserve. J’avais vissé l’Ipod, fermé le coupe vent jusqu’au menton, je trottinais, je venais de passer la deuxième côte, j’allais plonger dans la longue descente quand je l’ai vu, de dos, à moins de dix mètres, au milieu du sentier, noir et brun, massif. J’ai respiré longuement, cherché du regard son maître, il n’y avait personne, la bête était arrêtée, là, lourde d'une menace, elle s’est tournée vers moi, m’a évalué et n’a pas manifesté le moindre signe d’agressivité, ni grognement, ni aboiement, rien, elle restait plantée, postée, impossible de déterminer son intention. J’ai hésité un instant, puis j’ai fait tranquillement demi-tour, et suis passé de l’autre côté pour rejoindre le barrage. Après avoir retrouvé mon calme, j’ai souri, j’avais compris, je venais juste de croiser Anonyme...