15/05/2010

Marina et moi



Je la connais depuis longtemps. elle ne le sait pas. Pourtant, son corps m’est familier.
Ce jour d’avril, j’entre, coupe la file, monte les marches et, oh oh, je la vois, là, à quelques pas, assise dans sa robe sang, immobile, impassible. Je ne retiens pas ma jubilation, je m’approche, la détaille, m’installe et l’observe...

Moma, avril 2010


Inconstant de nature, je me lasse vite et l’abandonne à son immobilité désespérée.

C’est une vieille adepte de la performance : être et s’exposer, une seule et même chose, fusion du sujet et de l’objet, du corps et de l’oeuvre. Elle ne se ménage pas, s’exhibe, se torture, nous entraînant, malgré nous, dans des expériences hallucinatoires.

Au dernier étage, une rétrospective remet en scène ses dispositifs, dérangeant...

Dans la première salle, un couple nu face à face dans le passage. Pour se rendre dans l’autre salle, il faut s’engager entre leurs corps, choisir un côté, frôler le sexe de l’homme ou les seins de la femme. Une fois l’épreuve surmontée, on découvre le corps nu d’un homme allongé sur une table, couvert d’un squelette. Dans la salle suivante, une femme nue, membres écartés, contre le mur, à mi hauteur...

En redescendant, je retourne voir Marina. Son masque s’est durci, son teint vire à la cire. Plus tard, dans l’après-midi, elle ressemble à la mort.