Le meilleur moyen pour aborder une question, pour en faire le tour,
avant de s’engager dans le récit (le Je qui déblatère à tout va) c’est
de déplier le terme, de l’examiner sous les coutures.
Il
est proche de son masculin «le retrait» qui, intuitivement, évoque
plutôt un mouvement volontaire, une mise à distance provisoire.
La
retraite, on la prend ou on nous y met. C’est un état, une ligne de
séparation entre le dedans et le dehors. Avant, on fait partie du monde,
après on se débrouille.
Elle est fermeture, l’accès à la société
des actifs est proscrit (en l’entendant ainsi, on découvre, en négatif,
dans l’ombre portée, ce qu’elle dissimule, on devient des passifs) et ouverture sur un avenir qui n’a pas de forme, on est au bout du chemin tracé.
Pris
sous un autre angle, celui du temps considéré comme fonctionnant par étapes (c’est toujours amusant de voir comment les hommes se sont
inventés des artifices pour tenir le coup) la retraite serait une
troisième partie, après l’enfance et la maturité. Une partie sans nom,
(ou des noms qui ne font pas plaisir : vieillesse, dégénérescence,..)
On va bien rigoler, je pense.