« Ce qu’il avait pressenti commençait à se réaliser. Comme un phénomène attendu produit en laboratoire, une ligne de causalités qui s’enchaînaient de manière inéluctable une fois le processus enclenché. Une dérive qui modifiait la trajectoire de la particule, entraînant, dans son sillage, toute l’embarcation. Il avait travaillé sur ces questions, décrit ces points de tensions qui se situaient aux croisement des trajectoires, orientant les destins humains. C’était, selon ses études, reposant sur des expériences de pensée, les zones grises dans lesquelles se trouvaient les concepts flous et séduisants, l’égalité et la liberté. qui se déployaient avec élégance dans les grandes et généreuses idées mais trouvaient mal leur place dans leur traduction à l’échelle de l’individu. Dans la réalité, les choix devaient être éclairés, autrement dit, les postures adoptées devaient répondre à des critères identifiés, c’était la mécanique générale du vivre ensemble qui en dépendait, car, en effet, au delà et en deçà de l’échelle des conventions sociales, rien n’avait vraiment d’importance, tout se valait, plus ou moins. C’est entre ce plus et ce moins que la raison avait creusé un sillon, un passage étroit et semé d’embûches. »
Journal, 31 janvier 2025