13/05/2022

Abyssal (5)


 Aujourd’hui, vendredi 13 mai 2022, je suis fatigué. La journée d’hier a été éprouvante (j’avais écrit « épouvante » avant de corriger), je l’ai passée à remplir des tonnes de déchets verts accumulés depuis des mois. Des monticules de feuilles mortes, de brindilles séchées, d’herbe coupée, de pommes de pins, de branches cassées. Je remplissais les sacs et je les transportais jusqu’à la benne en haut du chemin. Je les vidais. Régulièrement je montais dans la benne et sautais pour écraser cet amas et ainsi augmenter l’espace disponible. Et j’ai recommencé ce travail de force, encore et encore, de 9h à 13h, puis de 14h à 18h. Une benne le matin, une autre l’après midi. Il a fallu scier des dizaines de branches, des bouts de troncs tordus, gratter l’herbe pour rassembler les débris, tirer, plier, casser. Ce sont les pyracanthas qui m’ont donné le plus de mal, les branches étaient emmêlées, les épines, qui font parfois 7 centimètres de long, jouant comme du Velcro, rendant l’enchevêtrement impossible à dénouer. Et puis, les transporter par petits paquets en étant griffé, coupé, piqué. Enfin les écraser dans la benne, un calvaire. 

Ce matin, j’ai feuilleté les carnets, mais la flemme (le dégoût du moindre effort) m’a fait renoncé à toute pirouette. D’un œil distrait j’ai quand même relevé un passage qui m’a arraché un demi-sourire 

« 13/10/1993 

Il est troublant de relire (lire) certains passages contant des faits sans importance qui se sont enfouis (enfuis) dans la profondeur de la mémoire… ça vit en nous sans existence… Il y a une gêne à retrouver des sensations ramenant un soi qu’on n’est plus et qui ne pourrait plus retranscrire ces non évènements. Je suis un autre, ailleurs ». 



Un jour sans fin. Tout change, rien ne change. 

Sur ce, je retourne m’avachir sur le canap’.