10/05/2022

LTDTSE (2)

 Lundi 7 juin 1992

6:15 Un grand bruit a dû me réveiller… sinon comment expliquer que j’ai les yeux comme des billes depuis 3/4 d’heure ? Ma machine mentale s’est mise en route toute seule, elle traverse des petits chemins et me pousse hors du lit pour prendre une feuille, un crayon. Je note ce qu’elle me dicte : la force de l’homme c’est sa capacité à créer des illusions qui ramènent le mystère à sa mesure, sa vision. Il opère une rectification, une réduction. Perdu devant le ciel étoilé, il a les yeux qui brillent et la bouche qui pend. Médusé par l’immensité, il décroche des petits bouts pour en faire des morceaux à sa taille, il les peint,  les sculpte, raconte des histoires. 


7 juin 1992 ? Cette date ne m’évoque rien, elle est inscrite sur ma ligne de vie, entre le 6 et le 8. Six heures quinze, l’instant pointé du doigt, inséré entre les millions de minutes qui l’ont précédé et celles qui l’on suivi. Tous les 6:15 se ressemblent, ils sont trop petits pour qu’on les distingue les uns des autres. 

A cette époque, je gardais dans mes carnets les traces écrites des filles. Je les découpais et les rangeais soigneusement. Si mes textes me laissent pantois, les leurs me tirent des grands sourires.